PLUS D'EMPLOI APRÈS 55 ANS ? QUEL EST LE TAUX DE CHÔMAGE DES SENIORS ?
Alors que le taux de chômage a baissé en France, celui des seniors ne connaît pas la même tendance. Il a même à nouveau augmenté en 2021 selon la Dares.
Reporter l'âge de départ à la retraite, c'est allonger la durée du chômage pour les seniors. C'est ce que craignent les opposants à la réforme des retraites. Et les témoignages sont nombreux de quinquagénaires qui assurent rencontrer les plus grandes difficultés à s'insérer sur le marché de l'emploi passé l'âge de 55 ans.
Certes, le taux d'emploi (part de ceux qui travaillent sur la population totale concernée) n'a cessé d'augmenter en France pour les 55 ans et plus passant de 37% en 2003 à plus de 56% en 2021 selon la Dares.
Cette dernière note même que "ces taux sont au plus haut depuis 1975".
"Entre 2014 et 2021, la part des seniors en emploi augmente de 7,7 points, tandis que celle des retraités diminue, suite aux réformes des retraites" explique-t-elle dans une note.
Ce taux a dépassé les 50% en 2015 et ne cesse depuis d'augmenter, même s'il reste en deçà de la moyenne européenne qui dépasse les 60%.
Le chômage des seniors ne baisse pas vraiment
Cette progression -qui tend à prouver que les seniors ne sont pas persona non grata en entreprise- s'explique notamment par les différentes réformes du système des retraites qui ont repoussé l'âge moyen de départ. En 2006, on partait en moyenne à 61 ans à la retraite contre 62,9 ans an 2021. Qui dit départ plus tardif dit plus d'activité et plus d'emploi pour les seniors.
Il faut apporter deux bémols toutefois à ce tableau flatteur. D'abord, comme le constate la Dares, c'est principalement dans la catégorie 55-59 ans que le taux d'emploi reste élevé. Il était de 75,1% en 2021. Mais passé l'âge de 60 ans, ce taux chute très fortement à 35,5% et même à 20% après 64 ans. Ce qui est logique, vu que c'est au cours de ces cinq années-là que les personnes partent majoritairement à la retraite. Mais ce taux d’emploi des 60-64 ans est nettement en deçà de la moyenne européenne (-10,9 points).
Second bémol: le taux de chômage des séniors a lui tendance à stagner depuis cinq ans. Il ne suit pas la courbe de la baisse du chômage constatée dans les autres catégories d'âge. Ce qui accrédite la thèse selon laquelle faute de pouvoir partir à la retraite pour cause de report de l'âge légal, les 55-64 ans devront attendre leur départ en restant au chômage.
Le taux de chômage des 55-64 ans a certes baissé entre 2014 et 2017 passant de 7,4 à 6,6% de la population active concernée. Mais il a nouveau légèrement augmenté en 2018 et 2019 (6,8%). Et après une forte baisse en 2020, année du Covid, il est de nouveau reparti à la hausse en 2021 (6,3%).
Alors que le taux de chômage global est en décrue depuis 2015 en France, passant de 10,3 à 7,3% de la population active, celui des seniors ne connaît pas la même tendance.
Si on prend le nombre de seniors au chômage (et non plus les taux), on constate là encore que l'amélioration de l'insertion se fait attendre. Hormis l'année 2020 exceptionnelle qui a vu le nombre de seniors au chômage tomber à 284.000, le nombre de total reste au-dessus des 300.000 depuis 2014. Avec 316.000 personnes âgées de 55-64 ans au chômage en 2021, le nombre est à peu près équivalent à celui de 2016 (326.000).
"J'ai envoyé 900 CV"
Fins de carrière chaotiques, niveaux de salaire jugés trop élevés par les recruteurs, compétences trop peu valorisées... Les raisons avancées sont nombreuses pour expliquer ces difficultés d'insertion.
"J’ai envoyé plus de 900 CV et lettres de motivation. En un an, j’ai été 9-10 fois en finale et à chaque fois l'entreprise a privilégié un profil plus junior", expliquait ce jeudi sur BFMTV un ancien cadre supérieur, directeur commercial dans le privé.
Invité à lui répondre, le ministre du Travail Olivier Dussopt a rappelé que la réforme défendue par le gouvernement prévoyait un index de notation des entreprises fondé sur leur implication à embaucher des seniors.
"Les entreprises qui ne jouent pas le jeu et ne sont pas transparentes seront sanctionnées financièrement. Et celles qui n’ont pas de résultats suffisamment intéressants seront obligées de négocier un accord", a-t-il assuré.
Publié par Frédéric Bianchi le 20/01/2022 à 12h29 sur :
Sur cette page, il y a aussi un témoignage vidéo de Patrick, 66ans, ancien directeur commercial qui a envoyé plus de 900 CV. Avec la réponse du Ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion (Olivier DUSSOPT).